Anecdote par une catéchiste auprès de jeunes banlieusards...
"Si je rapporte ces réactions d'adolescents,
c'est qu'elles montrent leur capacité d'aller droit à l'essentiel.
« Mais enfin, dit une fille, vous êtes agaçants de parler du Christ au passé.
Il est vivant. Alors, parlez-en au présent. »
Pour eux, le Christ n'est pas une abstraction.
Roger écoutait de tout son cour ce que nous disions des derniers jours
que le Christ a passés sur la terre après sa résurrection.
La lecture du récit de l'Ascension le remplit de bonheur.
«C'est à ce moment-là qu'il est remonté vers son Père ? » demanda-t-il.
Pourquoi était-il donc si joyeux ?
L'Ascension était encore pour moi, à l'époque, une fête « triste ».
Que le Seigneur aille nous préparer une place, comme il l'avait promis et comme nous le rappelaient invariablement toutes les homélies de ce jour, ne me consolait guère de son départ.
Comme je comprenais les apôtres d'être restés à contempler le ciel ! S'ils étaient repartis à Jérusalem tout joyeux, c'est que des anges étaient venus leur dire « qu'il reviendrait ».
Tels étaient mes sentiments et je regardais, avec étonnement, le visage de Roger.
Un visage radieux. Et ce fut lui, le non-baptisé, qui me fit la leçon :
" Ce que le Christ a dû être heureux de retourner vers son Père.
Quel plaisir cela me fait quand j'y pense.
Vous, les chrétiens, qu'est-ce que vous faites ce jour-là ?
Quand Jésus est dans la joie, est-ce que vous ne célébrez pas une fête ? »
C'était aussi simple que cela.
Roger aimait le Seigneur et tout ce qui était joie pour celui-ci, c'était aussi joie pour lui.
Alors, cette année-là, on fit une grande fête le jour de l'Ascension. Chargés d'un énorme pique-nique, nous allâmes loin de Paris, dans le parc d'un couvent de dominicains. La vie monastique fut une révélation pour ces jeunes, mais certainement moins grande que ne l'avait été pour moi la découverte de l'Ascension... à laquelle s'ajoutait une autre découverte :
celle de la nécessité de faire nôtre la joie de Dieu, si nous l'aimons.
Si la joie du Christ n'offre aucun intérêt pour nous, c'est qu'il n'est resté vraiment, parmi nous, qu'un étranger que « les siens n'ont pas reçu ».