Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 10:10

L’actualité médiatique qui charrie son lot quotidien d’horreurs mentionne comme en passant le sort inique réservé aux chrétiens d’Inde ou d’Irak quand elle ne sait pas le régime concentrationnaire réservé aux chrétiens de Corée du Nord. Et pourtant ils sont nos frères en humanité quand ils ne sont pas nos frères dans la foi, qui nous précèdent sur la voie du Ciel qu’ils ont empruntée parfois en chantant, toujours en héros de l’amour offert, à la suite du Christ. Bannir l’amnésie qui les ignore entretient la mémoire du cœur, où histoire événementielle, religieuse, individuelle se font écho et nous rejoignent. Une floraison d’ouvrages – ici évoquée – signe ce devoir de faire mémoire des martyrs de ce temps.


Une Église qui n’honorerait pas ses martyrs d’hier et ne reconnaîtrait pas ceux d’aujourd’hui mériterait-elle le nom d’Église de Jésus-Christ ? À l’inverse, la quinzaine d’ouvrages consacrés aux martyrs et aux persécutions du XXe siècle et du début du nôtre publiés entre l’automne 2006 et le printemps 2008 présentés ici constituent un signe positif. On peut voir dans ce printemps éditorial un fruit du Grand Jubilé et de la décision de Jean-Paul II de faire de la mémoire des martyrs une de ses grâces spécifiques.

 >>

Les sujets de ces seize livres indiquent déjà une première orientation. Signe des préoccupations de ce temps, près de la moitié concernent les martyrs et les persécutions ou difficultés de communautés  chrétiennes en terre d’islam. Autre signe des temps, celui de la prégnance toujours très forte du nazisme dans la mémoire collective du siècle passé, avec un bon quart des ouvrages. Dernier signe, mais lui négatif : l’amnésie persistante envers un passé pourtant plus récent, la persécution communiste en Europe de l’Est, de loin la plus sanglante du XXe siècle, traitée dans un seul ouvrage (1). On ne compte aussi qu’un seul titre sur les martyrs d’Espagne ou sur ceux de Chine. Enfin, un ouvrage propose un panorama de l’actualité de la persécution.

Le mérite essentiel de tous ces ouvrages est d’apporter une contribution à la mémoire chrétienne. Un des tristes paradoxes du siècle passé ne fut-il pas que « le siècle du martyre » (Jean-Paul II) fut aussi celui de l’indifférence envers les martyrs et les confesseurs de la foi – voire de leur rejet, au nom du dialogue, de la coexistence, de la tolérance voire d’une certaine connivence avec leurs bourreaux ?

 

Des récits aux portraits

 

Les genres littéraires de ces seize livres sont assez variés. Plusieurs ont une orientation historique, d’autres tiennent plus du récit ou présentent des portraits ; d’autres encore livrent les écrits ou le témoignage oral des martyrs et confesseurs de la foi de ce temps.

Le lecteur découvrira ou apprendra à mieux connaître dans ces ouvrages des figures de saints déjà béatifiés comme Mgrvon Galen ou les frères marianistes espagnols, ou qui pourront l’être (MgrGhi-ka, Henri Vergès, les moines de Tibhirine, le père Santoro…), mais aussi des figures jusqu’à présent inconnues des catholiques de notre pays, martyrs et confesseurs chinois en particulier.

Ces ouvrages sont de valeur inégale. Dans certains un ton uniment hagiographique peut desservir jusqu’aux meilleures causes car, en matière de sainteté, le plus simple est souvent le plus convaincant. La distinction entre chrétiens tués et martyrs n’est parfois pas faite, ou insuffisamment, or il ne suffit pas qu’un baptisé meure de mort violente pour être martyr. Le discernement entre persécutés pour la foi et opprimés pour leur appartenance nationale ou leur opposition politique ne signifie certes pas une opposition a priori, mais il doit être fait et il ne l’est pas toujours. On regrettera aussi l’absence d’ouvrages proprement théologiques et, de façon générale, de développements à la suite des pistes ouvertes par Jean-Paul II sur le sens des persécutions et du martyre, à l’exception du seul ouvrage qui justement n’a pas directement pour sujet le thème de ces pages, celui de Jean Chaunu (voir la bibliographie). 

 

 Une évidence s’impose une fois tous ces ouvrages refermés : parler et écrire sur les martyrs, c’est bien, mais les écouter ou lire ce qu’ils ont écrit est encore plus important. Certes le martyre ne donne jamais un Imprimatur a priori pour les écrits de ceux qui l’ont subi, mais il devrait leur valoir au moins un regard attentif car ils ont été ratifiés par le don de la vie. On trouvera dans plusieurs de ces livres des pages dignes des Actes des Apôtres et des martyrs de l’Église primitive du XXe siècle. Les lettres du père Andrea Santoro, par exemple, constituent un témoignage bouleversant qui montre que l’on peut vivre aujourd’hui comme vécurent les apôtres, dans l’intimité du Christ et en communauté d’existence et de destin dans une foi simple et commune.

Tous ces martyrs et témoins de la foi sont autant de frères et sœurs qui nous entraînent à la suite du Christ – Pascal l’a bien vu : « L’exemple de la mort des martyrs nous touche car ce sont nos membres. Nous avons un lien commun avec eux. Leur résolution peut former la nôtre non seulement par l’exemple, mais parce qu’elle a peut-être mérité la nôtre».

 

Martyrs et chrétiens en terre d’islam

 

John Kiser a écrit le premier ouvrage en anglais sur les moines de Tibhirine . Il bénéficie de la floraison éditoriale en français, même s’il y ajoute une enquête personnelle. Balançant entre portrait psychologique et hagiographie des religieux assassinés, Kiser entend faire œuvre d’historien mais ne convainc guère en ce domaine, et ses synthèses plus ou moins hors sujet, et ses digressions pèchent plus d’une fois par simplification. L’ombre du 11 septembre 2001 plane sur tout l’ouvrage et si le parti pris est honorable (« Al Qaida n’est pas tout l’islam »), il ôte au livre de sa crédibilité. Henry Quinson, qui a connu frère Christophe de Tibhirine à Tamié, nous fait entrer pas à pas dans l’itinéraire spirituel de cette personnalité bien de notre époque (4). Voilà un fils de son temps qui est saisi par le Christ et se met en route à sa suite, mais avec tout son bagage. Un itinéraire en dents de scie, avec ses exigences, une volonté d’épanouissement, des refus, des violences et des partis pris. Le Christ n’a rien rejeté de tout cela mais l’a utilisé pour un chemin de sainteté au quotidien, scellé par le martyre.

 

Prendre le Christ au sérieux

 

Alain Delorme, lui, a bien connu Henri Vergès, un autre martyr d’Algérie. Une vie bien plus simple, donnée à la présence et au dialogue avec les musulmans, dans un grand amour de la Sainte Vierge, « ressource ordinaire et première Supérieure » de sa congrégation, et une douce opiniâtreté à prendre au sérieux le Christ.

 Dans sa dernière lettre au père Christian de Chergé, frère Henri écrivait : « Dans nos relations quotidiennes, prenons ouvertement le parti de l’amour, du pardon, de la communion contre la haine, la vengeance, la violence. » Les éditions du Cerf éditent un compendium de textes de Mgr Claverie, l’évêque d’Oran assassiné par les islamistes, pour la plupart déjà publiés ailleurs (6). Leur mise en perspective permet de suivre la montée de la tension et ses conséquences. Pierre Claverie associe la lucidité et la rigueur généralement attribuées aux sceptiques à la volonté de dialogue plutôt liée aux optimistes. La tension entre la volonté d’ouverture et la conscience des différences est parfois portée à incandescence et laissera sur leur faim ceux qui voudraient des réponses tranchées.

Malgré son sous-titre, seul le premier chapitre de l’ouvrage d’Alain Sanders est consacré au vicaire apostolique d’Alger et de Tunis à l’époque de Louis XIV (7). Sa mort atroce sur la gueule d’un canon lors d’une querelle entre Barbaresques montre combien il était déjà difficile de distinguer le politique du religieux. Les autres figures de martyrs évoqués dans cet ouvrage vont de l’Espagne du IXe siècle à la Somalie d’aujourd’hui. Ces témoins méritent d’être connus, mais ce n’est pas leur rendre service que d’ajouter de belles figures, mais qui ne furent pas des martyrs (les bienheureuses Bakhita et Mariam) ou d’autres victimes (celles des massacres du FLN) et de conclure sur l’évocation ambiguë d’un retour futur de la France et de « l’Hostie» en Algérie. Jean-Marie Carzou se contente de rééditer un ouvrage publié sur l’Arménie datant de 1975 et consacré pour moitié au génocide de 1915 (8). L’intérêt d’un tel ouvrage est donc limité. De plus la dimension proprement antichrétienne des évènements, aujourd’hui connue par bien des témoignages, est quasiment absente de l’ouvrage.

L’assassinat le 5 février 2006 du curé de Trabzon, le père Andrea Santoro, reste dans les mémoires. Benoît XVI avait alors trouvé les mots justes pour évoquer la figure de ce prêtre Fidei Donum du diocèse de Rome. Durant les cinq années de son séjour en Turquie, le père Santoro envoyait des lettres à ses amis et anciens paroissiens (9). Elles révèlent une figure à la fois ordinaire et sublime de prêtre de Jésus-Christ. Qu’il s’agisse de la Turquie, des petites communautés chrétiennes dont il partage la vie, du dialogue avec les musulmans, des joies, des peines, des menaces qui s’accroissent, nous découvrons page après page un homme de Dieu qui vit de son intimité dans la foi avec le Christ. Une justesse de ton bouleversante, un livre à lire, absolument.

 

Résistance face au nazisme

 

Wolfgang Knauft, historien du diocèse de Berlin, fonde largement son ouvrage sur les jeunes travailleurs catholiques du STO et leur résistance spirituelle sur des archives diocésaines, tout en reconnaissant sa dette envers Mgr Molette (10). Ce regard allemand sur une grande page de l’histoire de l’Église de France surprend parfois par une certaine naïveté mais montre que les martyrs – cinq pour la seule mission de Berlin – sont le bien de toute l’Église.

De plus, il révèle la solidarité de prêtres et de communautés catholiques allemandes avec les clandestins français de l’Action catholique et leurs prêtres, sans cacher que la peur a arrêté le plus grand nombre. Gérard Pfister fait découvrir la figure de Marcel Weinum et de ses compagnons (11). Il serait hâtif de voir en ce garçon décapité à 18 ans, deux ans après avoir créé le premier réseau de résistance en Alsace, un martyr chrétien. Mais la profondeur de sa foi est un des ressorts essentiels de l’action de celui qui écrivait à la veille de son exécution qu’il avait combattu « pour la religion et la mère patrie » et concluait sa dernière lettre par un vibrant « Vive Dieu le Roi ». Thierry Knecht fait découvrir Mgr Von Galen, le «lion de Münster» béatifié en 2005 (12). Le courageux évêque (Goebbels intervint personnellement pour lui éviter l’arrestation et sans doute l’exécution qui en aurait fait un martyr, par peur des conséquences pour le régime nazi) mourut en 1946, un mois après son élévation au cardinalat. Prélat plutôt conservateur, il devint presque fortuitement le principal opposant à l’idéologie raciste d’Hitler et de Rosenberg, puis le défenseur des handicapés et le pourfendeur de l’euthanasie, et défendit aussi les Juifs. Une cinquantaine de prêtres de son diocèse et des séminaristes  dont  le bienheureux Karl Leisner furent jetés dans   les   camps pour le faire plier, en vain – de quoi méditer sur la responsabilité face au mal. L’ouvrage que Jean Chaunu consacre aux catholiques français  de  l’entre-deux-guerres face au nazisme ne concerne pas directement les martyrs, mais sa dernière partie, « Église martyrielle et résistante », constitue une forte synthèse sur cette dimension constitutive de la foi chrétienne et son actualisation au XXe siècle (13). Il met en particulier en lumière son rôle dans le « combat des dieux » entre le christianisme et les religions de substitution que les totalitarismes entendent lui opposer, particulièrement chez les jeunes.

                                                                                     Père Popielusko

Martyrs de l’athéisme militantJerzy-Popielusko-1.jpg

 

José-Maria Salaverri fait découvrir les figures du bienheureux Miguel, prêtre marianiste espagnol et des bienheureux Florencio, Joaquin et Salino, frères dans la même congrégation, quatre des 498 martyrs récemment béatifiés par Benoît XVI (14) : des vies données à l’éducation de la jeunesse soudain prises dans la folie d’un temps d’horreur. Quoiqu’il n’aborde pas cette question, ce livre constitue une bonne réponse aux polémiques inconvenantes qui ont accompagné, en Espagne et ailleurs, les béatifications des martyrs de la guerre d’Espagne. Le père Miguel et ses frères marianistes sont des martyrs de la foi et de la charité chrétienne, et c’est bien le Christ à travers eux qui était visé. Le reste n’est qu’invention. L’Église d’Espagne n’a pas à rougir de ses martyrs ! Le livre de Mgr Molette sur Vladimir Ghika ne fait pas double emploi avec tous ceux qui ont été déjà publiés sur cette sublime figure dont on espère une prochaine béatification (15). Il actualise et renouvelle l’arrière-plan historique et humain du parcours spirituel de Mgr Ghika. Avec des touches précises et judicieuses, il fait sentir la complexité de cet « Orient compliqué» que sont les Balkans, et la trajectoire personnelle de ce descendant des princes moldaves n’en prend que plus de relief, y compris son apostolat auprès des plus pauvres et les circonstances de son procès et de sa mort en Roumanie.

Gerolamo Fazzini propose des figures de martyrs et de chrétiens chinois persécutés pour leur foi (16). Dans une courageuse préface, le cardinal de Hong Kong, Mgr Joseph Zen, lie cette « foule de héros sans nom » à la souffrance actuelle de l’Église en Chine et conclut : « Personne ne pourra nous ôter la beauté et la joie d’être disciples de Jésus-Christ. » L’ouvrage du père Fazzini fait connaître des martyrs déjà connus, ainsi les moines de la Trappe de Yangjiaping, mais aussi des documents inédits de confesseurs de la foi, à travers les journaux des pères Tian-de et Huang et de Gertrude Li et la vie du père Li Chang. Ce sont autant d’Actes des apôtres de notre temps : il faut espérer que l’appel du cardinal Zen à d’autres témoignages soit entendu afin que cette mémoire, précieuse pour l’Église universelle, ne soit pas perdue.

 

Et aujourd’hui ?

 

La persécution contre les chrétiens ne s’est pas arrêtée au seuil de ce siècle : l’assassinat du père Santoro et celui de nombre de missionnaires ou ce qui se passe en Irak ne le montrent que trop. Thomas Grimaux en donne un précieux panorama (17). L’engagement de l’auteur pour faire connaître les situations de discrimination dont sont victimes des chrétiens à travers le monde est connu et cet ouvrage amélioré est le troisième qu’il publie sur le sujet. La grille proposée, qui assume toutes les persécutions actuelles sous les trois chapitres des fondamentalismes hindou et bouddhiste, de l’islamisme et du communisme, ne rend certes pas assez compte de la complexité des situations mais les sources sont sérieuses, les faits évoqués nombreux et les analyses généralement fines.                                            ◆

Didier RANCE

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

>1 Hongrie. Comme à travers le feu

de Didier Rance

Bibliothèque AED, 464p.,io€.

>2.Témoin de la vérité

d’Erik Peterson et Didier Rance.Les analyses de Peterson sur les martyrs de la primitive Église sontmises en relation avec l’expé-rience du XXesiècle.

Ad Solem,i26 p .,15 .

>3. Passion pour l’Algérie. Les moines de Tibhiri-ne

de John Kiser,

Nouvelle Cité, 475 p., 28.

>4. Prieri5Jours avec Christophe Lebreton

moine, poète, ma rtyr à Tibbhirine,

de Henry Quinson

Nouvelle Cité,122 p., 12,50.

>5.Prier 15Jours avec Henri Vergés

moine, religieux maris-te,martyr en Algérie, d’Alain Delorme

Nouvelle Cité,118 p., 12,50.

>6.Humanité plurielle

de Pierre Claverie Cerf, 334 p., 20.

>7. Les chrétiens martyrs de l’islam, L’héroïcité de Jean Le Vacher (1619-1683)

d’Alain Sanders

Éditions de Paris, 206 p.,

>8.Arméniei9i5. Un génocide exemplaire

de Jean-Marie Carzou

Calmann-Lévy,334 p., 19,5o€.

>9. Lettres de Tur-quie

d’Andrea Santoro

Éd.du Jubilé, 312 p.,21.

>io.Face à la Gestapo

Travailleurs chrétiens et prêtres du STO,Berlin,1943-1945,

de Wolfgang Knauft

Le Cherche Midi, 294 p., i7.

m.Marcel Weinum et la Main noire

sous la dir.de GérardPfister

Arf uyen, 204 p.,19 .

>i2.Mgr von Ga-len.L’évêque qui a défié Hitler,

de Thierry Knecht

Parole et silence, 148 p., 14.

>ij. Esquisse d’un jugement chrétien du nazisme

de Jean Chaunu

F.-X.de Guibert,346 p., 25.

>i4.Morts pour le Christ.Madrid, Étéi9j6

de José Maria Salaverri

Éditions D.F.R.,190 p., 17.

>i5.Mgr Vladimir Ghika,prince, prêtre et martyr

de Charles Molette AED,96 p.,io€.

>i6. Le livre rouge des martyrs chinois

de Gerolamo Fazzini Salvator,3i6 p.,2o€.

>i7. Le livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes

de Thomas Grimaux Favre,i56 p.,i6.

 

 

 

 P-popielusko-2.jpg   Martyr d’aujourd’hui : Jerzy Popielusko  

 

>>De par le monde, les « martyrs » ne manquent pas. Victime de l’islam ou de visions séculières de l’homme et du monde, ils témoignent de leur espérance en Dieu. Chaque nouvelle nous apprenant la naissance au Ciel d’un nouveau « martyr » suscite en nous une émotion, bien légitime. Puis, souvent, l’oubli fait son office, complice odieuse des bourreaux. C’est aussi ce qui est arrivé après la mort du père Jerzy Popieluszko. Un livre rappelle sa mémoire. Précédé d’une préface du cardinal Glemp, primat de Pologne, ce livre polonais traduit en français par les soins de l’Aide à l’Église en détresse, débute par un florilège de paroles du pape Jean-Paul II sur le père Popieluszko. Ce jeune prêtre fut, dans la Pologne communiste, l’aumônier du syndicat Solidarnosc. Il fut brutalement assassiné le 19 octobre 1984 par trois agents des Services secrets. Après l’avoir roué de coups, ils le jetèrent dans les eaux gelées de la Vistule. Né en 1947,le père Jerzy Popieluszko fut ordonné prêtre en 1972 par le cardinal Wyszynski. Il appartient à l’Église de déterminer dans quelle mesure ce prêtre polonais, mort pour Dieu et la Pologne, peut être considéré comme un martyr des temps modernes. Au-delà de cette reconnaissance, les témoignages nombreux réunis dans cet ouvrage montrent la figure vivante d’un prêtre entièrement dévoué aux autres. Une belle figure à redécouvrir.

Le père Jerzy Popieluszko, « Mon cri était celui de ma patrie », Ryszard Wasik, AED, 240 p., 18 .

 

il-allait---la-mort-en-chantant.jpg 

Martyr d’aujourd’hui : Francisco Castello Aleu

>>Il avait tout pour réussir sa vie. Une fiancée parfaitement accordée à ses désirs, un brillant avenir professionnel qui se dessinait.Il avait tout ! Pris dans les tourments de la guerre civile espagnole, il renonce à la vie volontairement quand il est arrêté par les révolutionnaires qui l’accusent de participer au complot fasciste. De politique, Francisco Castelló Aleu n’en a jamais fait. Il s’est converti en profondeur par le biais des Exercices spirituels de saint Ignace et participa à l’œuvre paroissiale des Coopérateurs paroissiaux du Christ-Roi fondée par le père Vallet. C’est sous cette impulsion qu’il s’occupa des pauvres de Barcelone et de Lerida. On ne le lui pardonna pas. Arrêté en juillet 1936, il est fusillé le 29 septembre de la même année, après avoir remercié ses bourreaux de lui permettre de donner sa vie pour le Christ. Il ira à la mort en chantant. Le pape Jean-Paul II le béatifie en 2001 et le donne en exemple à la jeunesse du monde.      

Il allait à la mort en chantant, le martyre du bienheureux Francisco Castelló Aleu, Jacinto Peraire Ferrer, Traditions monastiques, 172 p., 16 .

 

 

 

>Petit catéchisme du martyre

 

Qu’est-ce qu’un martyr ?

 

Un martyr est un « témoin» qui consent à aller jusqu’à se laisser tuer pour témoigner de sa foi, plutôt que d’abjurer. Selon saint Thomas d’Aquin :«On appelle martyr celui qui est comme un témoin de la foi chrétienne, qui nous propose de mépriser le monde visible pour les réalités invisibles, selon la lettre aux Hébreux (11,34).Il appartient donc au martyre que l’homme témoigne de sa foi, en montrant par les faits qu’il méprise toutes les choses présentes pour parvenir aux biens futurs et invisibles. Or, tant que l’homme conserve la vie du corps, il ne montre pas encore par les faits qu’il dédaigne toutes les réalités corporelles ;car les hommes ont coutume de ne faire aucun cas de leurs consanguins, de toutes leurs possessions et même de subir la douleur physique, pour conserver la vie. D’où cette insinuation de Satan contre Job (2,4) :“Peau pour peau. Et tout ce que l’homme possède, il le donnera pour son âme”,c’est-à-dire pour sa vie physique. C’est pourquoi, afin de réaliser parfaitement la raison de martyre, il est requis de subir la mort pour le Christ.» (Somme théologique, IIa IIæ,Q.124,4)

 

Qu’est-ce que le martyre ?

 

Le martyre est le suprême témoignage rendu à la vérité de la foi ;il désigne un témoignage qui va jusqu’à la mort. Le martyr rend témoignage au Christ, mort et ressuscité, auquel il est uni par la charité. Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force.“Laissez-moi devenir la pâture des bêtes. C’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu”(Ignace d’Antioche,Rom.4,1). [Catéchisme de l’Église catholique,n.2 473]

 

Pouvons-nous avoir un culte envers les martyrs ?

 

Le Christ, nous L’adorons, parce qu’Il est le Fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi, être leurs compagnons et leurs condisciples» (saintPolycarpe,mart.17). [Catéchisme de l’Église catholique,n.957] « Quand l’Église, dans le cycle annuel ,fait mémoire des martyrs et des autres saints, elle “proclame le mystère pascal”en ceux et celles“qui ont souffert avec le Christ et sont glorifiés avec Lui, et elle propose aux fidèles leurs exemples qui les attirent tous au Père par le Christ, et, par leurs mérites, elle obtient les bienfaits de

Dieu”» (SC104 ;cf.SC108 et111). [Catéchisme de l’Église catholique, n.1 173]

 

Les martyrs sont-ils importants dans l’économie du salut ?

 

Oui, en ce qu’ils imitent le Christ, ils sont des modèles pour les autres chrétiens. Saint Pie X dans son Catéchisme indique aussi qu’ils sont une preuve de la vérité chrétienne :«La vérité de la doctrine chrétienne est démontrée aussi par la sainteté éminente de tant d’hommes qui l’ont professée et qui la professent ; par la force héroïque des martyrs, par la rapidité merveilleuse de sa diffusion dans le monde et par sa pleine conservation à travers tant de siècles de luttes variées et continuelles.»

morts-pour-le-Christ-Madrid-1936.jpg 

Le martyre est-il un acte de la vertu de force ?

 

Selon saint Thomas d’Aquin,« il revient à la force de confirmer l’homme dans le bien de la vertu contre les dangers, et surtout contre les dangers de mort qu’on rencontre à la guerre. Or il est évident que dans le martyre l’homme est solidement confirmé dans le bien de la vertu, lorsqu’il n’abandonne pas la foi et la justice, à cause de périls mortels qui le menacent, surtout de la part de persécuteurs, dans une sorte de combat particulier. Aussi saint Cyprien dit-il dans un sermon :“La multitude voit avec admiration ce combat céleste, elle voit que les serviteurs du Christ ont tenu bon dans la bataille, avec une parole hardie, une âme intacte, une force divine.”Aussi est-il évident que le martyre est un acte de la vertu de force, et c’est pourquoi l’Église applique aux martyrs cette parole (Hebreux 11,34) :“Ils ont été forts dans le combat.”» (Somme théologique, IIa IIæ,Q.124,2)

 

Le martyre est-il un acte parfait ?

 

Saint Thomas d’Aquin estime que supporter la mort n’est pas louable en soi sauf « si c’est ordonné à un bien qui soit un acte de vertu, comme la foi et l’amour de Dieu. C’est cet acte-là, parce qu’il est une fin, qui est meilleur».Puis il ajoute : «Parmi tous les actes de vertu, le martyre est celui qui manifeste au plus haut degré la perfection de la charité. Parce qu’on montre d’autant plus d’amour pour une chose que, pour  elle, on méprise ce qu’on aime le plus en choisissant de souffrir ce qu’il y a de plus haïssable. Or il est évident que, parmi tous les biens de la vie présente, l’homme aime suprêmement cette vie même, et au contraire hait suprêmement la mort elle-même, surtout quand elle s’accompagne de supplices dont la crainte “écarte des plus vifs plaisirs les bêtes elles-mêmes”,dit saint Augustin. De ce point de vue, il est évident que le martyre est par nature le plus parfait des actes humains, comme témoignant de la plus grande charité selon cette parole (Jn 15,13) :“Il n’y a pas de plus grande charité que de donner sa vie pour ses amis.”» (Somme théologique, IIa IIæ,Q.124,3)

 

 

Avec l’autorisation de L’Homme Nouveau
Partager cet article
Repost0
Published by l'équipe - dans modèles et saints pour notre temps

Présentation

  • : Bloc-notes des Anciennes de l'Institution Saint Joseph à Draguignan
  • : permet un contact -ainsi qu'un soutien- avec les anciennes de st Joseph
  • Contact

Recherche